Alors que le Gouvernement est actuellement en pleine réforme de la formation professionnelle et de l’apprentissage afin de favoriser l’insertion et le maintien dans l’emploi, le sort des personnes handicapées reste pour le moins flou.
Les préjugés à l’embauche sont encore trop nombreux pour les personnes en situation de handicap : coûts, formation, intégration, adaptation du handicap physique au travail… Alors qu’une concertation vient d’être lancée entre ministres, syndicats de salariés et d’employeurs et le CNCPH*, il est plus que temps de revoir le rapport du handicap au travail. Et bien plus encore, le rapport qu’il entretient à la société !
La mise en place d’incitations à l’embauche, qui permet aux entreprises privées ou aux administrations de verser une contribution à l’Agefiph (ou au FIPHFP pour le secteur public) si celles-ci ne respectent pas le quota de 6 % de travailleurs handicapés, a assurément montré ses limites. En effet, les employeurs sont invités à respecter le quota, sans pour autant être encouragés à faire plus. La réflexion autour d’une cotisation universelle ajustée sur la bonne volonté de l’employeur est de bon augure. Plus l’entreprise emploierait de travailleurs handicapés et plus sa cotisation serait ajustée à la baisse. Ces idées de mesures viennent conforter le fait que le gouvernement s’attèle à réformer l’emploi des personnes handicapées, mais pour autant, allons-nous dans la bonne direction ? Est-ce une véritable avancée ?!
En Europe du Nord, par exemple, les politiques publiques ne se contentent plus d’être compensatoires, mais également inclusives en termes d’insertion des personnes handicapées dans le monde du travail. La loi allemande prévoit que les entreprises de plus de 120 salariés et employant 5 salariés handicapés ou plus mettent en place un système de référent “handicap”. Son but : représenter les travailleurs handicapés aux réunions du conseil d’entreprise, pour toute question relative aux embauches et à l’adaptation des espaces de travail. Autre exemple sur le volet de la formation, les écoles danoises sont davantage impliquées dans l’intégration des élèves avec des handicaps. D’ailleurs, le pays a mis en place des “laboratoires du vivre ensemble”.
Sur le volet inclusif, la France a beaucoup de retard, et notamment sur le plan de la formation, qui a son rôle à jouer dans le maintien dans l’emploi et dans l’insertion des personnes handicapées. Pourtant, aux prémices de la réforme sur la formation engagée par Muriel Pénicault, aucune décision fondamentale n’a été envisagée concernant l’inclusion et la formation des personnes handicapées. Il s’agit certes de revoir notre mode d’apprentissage, mais plus encore, d’aller plus loin dans notre mode de fonctionnement. Par exemple, pourquoi ne pas mettre en place une formation, non pas à destination des personnes handicapées, mais à destination de tous les citoyens, futurs collaborateurs ou employeurs de personnes en situation de handicap ?
On voit bien ici que l’insertion des personnes handicapées ne se résume pas seulement aux initiatives mises en place par les gouvernements pour favoriser l’emploi. En effet, il est difficile d’évaluer l’insertion, dans sa totalité, des personnes handicapées en ne tenant compte que du seul taux d’emploi. Les institutions, l’engagement des entreprises et de la société sur la question de l’emploi participent à la prise en compte du handicap, qui ne doit pas être une contrainte, mais bien une opportunité.
*Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées
Sources :
*Pôle Emploi.fr – INFOGRAPHIE – Emploi & handicap, où en est-on ? – 23/11/2017
Handicap.fr – Cluzel : un tour d’Europe des bonnes pratiques handicap – 04/03/2018
Les Echos.fr – Emploi des handicapés : la réforme est lancée – 08/03/2018
FranceInfo.fr – Chômage record pour les personnes handicapées – 16/11/2017
