Dans une vidéo, elle regrette la réduction des “heures d’aide humaine”, nécessaires pour “vivre une vie digne et autonome”.
“Je vous demande, M. Macron, je vous supplie, de nous garantir une place et un avenir en France.” Dans une vidéo présentée comme une lettre ouverte au chef de l’État et diffusée le 20 juin sur Facebook, une professeure de français s’inquiète de la “réduction des heures d’aides humaines” allouées aux personnes qui, comme elle, sont en situation de handicap. Vue par plus de 212.000 personnes, son appel est un succès… et n’attend plus qu’une réponse du président.
Professeure dans un lycée de l’académie de Versailles, dans les Yvelines, Sarah Salmona, 32 ans, est atteinte de myopathie depuis sa naissance, et sous assistance respiratoire. Toutes ses démarches du quotidien, même les plus anodines, nécessitent l’aide d’un tiers. “Me lever le matin, me doucher, m’habiller, sortir de chez moi pour aller travailler, rentrer, me déshabiller, me coucher, avaler mes trois repas par jour, sortir faire mes courses, sans oublier avoir une vie sociale ou aller aux toilettes”, énumère-t-elle dans sa vidéo.
Mais, en 2015, les heures d’aide à domicile dont elle bénéficiait ont soudainement diminué. De 8 heures, elle est passée à deux heures et 22 minutes, très précisément. “Le département des Yvelines a supprimé, parce qu’il n’a plus les moyens, parce qu’il n’y a plus de budget, 80% de mes aides humaines”, regrette-t-elle.
Depuis sa salle de classe, Sarah Salmona interpelle le président: “Je n’ai plus aujourd’hui que deux heures et 22 minutes par jour d’aide pour vivre (…) M. Macron, avec toutes vos capacités, aussi extraordinaires soient-elles, en seriez-vous capable?”.
Le partage de sa vidéo, “plus efficace que des démarches administratives”
“Je ne veux pas être une charge pour la société pour laquelle j’ai un rôle à jouer, dit-elle. Je veux être une preuve pour mes élèves qu’aucun obstacle ne peut les empêcher de réaliser leur rêve. Pour le moment, moi l’obstacle qui m’empêche de vivre, c’est l’État”.
Sarah Salmona, qui assure “ne pas être un cas isolé”, raconte régulièrement les difficultés que rencontrent les personnes en situation de handicap. “La société est en train de nous laisser tomber”, confiait-elle à Libération en 2015.
Confrontée tous les jours aux lenteurs administratives et aux décisions parfois absurdes sur la prise en charge du handicap, Sarah Salmona n’a pas pour autant perdu son sens de l’humour. Interrogée par 20 minutes au sujet du succès de sa vidéo, elle s’étonne: “je suis assez bluffée par la rapidité du partage, c’est plus efficace que des démarches administratives”.
Lors du débat de l’entre-deux-tours, Emmanuel Macron avait consacré sa “carte blanche” au handicap, “une des priorités de (son) quinquennat”.
La nomination au secrétariat d’État chargé des Personnes handicapées de Sophie Cluzel, figure associative engagée, a rassuré la profession, qui espère que le dossier sera au programme du nouveau gouvernement.