Associations, collectivités et bailleurs sociaux œuvrent depuis longtemps à la construction d’un véritable « chez soi », en milieu ordinaire, pour les personnes en situation de handicap. La loi Elan de 2018 a donné une existence juridique à l’habitat inclusif.
L’idée d’accorder aux personnes handicapées leur pleine citoyenneté en milieu ordinaire commence à s’imposer dans le débat public. Preuve de cette évolution, la loi pour l’évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (Elan) prévoit le développement de l’habitat inclusif. Celui-ci consiste en un logement indépendant, dans un environnement adapté et sécurisé… dans le « monde réel » et non pas en établissement spécialisé. « Les personnes en situation de handicap doivent pouvoir évoluer au cœur de la cité », résume Pierre-Yves Lenen, directeur du développement et de l’offre de service d’APF France handicap, qui gère une cinquantaine de dispositifs d’habitat inclusif sur l’ensemble du territoire.
Handicap : une offre diversifiée et graduée
« L’habitat inclusif ne se limite pas au logement. Il s’agit de rendre accessible et accueillant tout l’environnement : les déplacements, les commerces, le médical, etc. », souligne Coryne Husse, vice-présidente de l’Unapei, fédération d’associations représentant les personnes handicapées mentales. Elle ajoute que l’autre pilier de l’habitat inclusif est la notion de « chez soi ». « Il est légitime de demander à avoir le choix de son projet de vie et de son habitat, et de souhaiter la vie la plus normale possible. »
Le principe de l’habitat inclusif est de pouvoir accéder à des services (aide humaine, accompagnement à la vie sociale, soins infirmiers…) quand cela est nécessaire, et de vivre le plus autonome possible le reste du temps. « Il ne faut surtout pas tomber dans le discours caricatural ‘fermons tous les établissements’ ! A l’inverse, misons sur la notion de gradation, avec un recours possible aux structures spécialisées pour étayer le maintien à domicile quand c’est nécessaire », insiste Pierre-Yves Lenen.
La plupart des associations défendant les intérêts des personnes en situation de handicap insistent sur la nécessité de ne pas opposer les types de réponse et de maintenir une offre diversifiée. Coryne Husse abonde en ce sens, estimant que « l’un des enjeux est d’ouvrir les établissements médico-sociaux sur l’extérieur, mais que l’accent mis sur l’habitat inclusif ne doit pas geler l’évolution des solutions précédentes ».
Un observatoire de l’habitat inclusif
L’inclusion du handicap dans la cité est en cours, mais elle prendra du temps. « Les opérateurs et les départements sont encore en phase d’appropriation d’un concept encore récent », observe Pierre-Yves Lenen, préconisant un décloisonnement et une mutualisation des expertises de l’ensemble des acteurs : associations, collectivités, bailleurs sociaux, professionnels de santé et du social, gestionnaires d’établissements médico-sociaux…
Des bonnes pratiques existent déjà : des mairies mettent en place des formations pour leurs personnels pour mieux appréhender le handicap, l’Observatoire de l’habitat inclusif recense les initiatives, des projets immobiliers prévoient des aides sociales pour des loyers modérés… « Les lignes bougent. Un collectif plus ouvert au handicap se met en place », conclut Coryne Husse.